Interview

Léviathan - Tome 2 de Aurélien Ducoudray, Luc Brunschwig et Florent Bossard, la deuxième partie du thriller catastrophe !

Déjà trois jours qu'une « météorite » a détruit le cœur de Marseille. Au-delà de la polémique qui fait rage autour des causes réelles de la catastrophe, c'est surtout la situation sanitaire qui s'avère préoccupante. Cédant à la panique, la population cherche à fuir la cité phocéenne, alors que les autorités semblent toujours totalement dépassées. 
Aurélien Ducoudray, scénariste, et Florent Bossard, dessinateur, ont répondu à 4 questions sur le tome 2 de Léviathan.

Tout d’abord, pouvez-vous nous dire quelques mots sur la genèse de ce projet ?
Aurélien Ducoudray : J'ai eu cette image d'un monstre géant détruisant une ville mais vu au ras du sol, et je me suis dit que ça pourrait soulever des questions intéressantes, si l'histoire elle aussi pouvait prendre ce point de vue, celui des hommes et femmes lambda soumis à une catastrophe de ce type. J'en ai parlé à Luc lui disant que c'était typiquement un projet auquel je n'oserais jamais m'attaquer même si l'idée me plaisait beaucoup...!! Un an plus tard Luc m'a dit : « Dis donc elle te plait toujours ton histoire de Godzilla au ras du sol ? Car je n'arrête pas d’y penser ! Tu ne veux pas qu'on s'y essaye ? » Et c'est parti comme ça ! 

Vous travaillez à trois sur Léviathan, comment vous répartissez-vous les tâches sur les albums ?
A.D. : La méthode, sans vraiment en être une est la suivante : on se réunit avec Luc un weekend, ça fuse de tous les côtés, et au bout de 2 jours on a une trame assez détaillée du tome. Ensuite je dialogue au kilomètre, avec la trame pour point de départ, mais sans forcément la respecter, cela permet de partir dans des directions nouvelles et inédites par rapport à la première trame. Puis je donne le tout à Luc, qui fait un travail de montage, il pioche dans ce que j'ai fait, l'ordonne, voire parfois même dompte un peu tout ça! (rire) Il y a un côté laissons vivre les personnages même si on ne se servira pas de tous les moments de vie.... Une fois tout ça "monté", on  le fait passer à Florent...

Florent Bossard : C'est là que j'interviens, en me retrouvant avec un script très dense, très abouti, que je dois m'approprier en traduisant toutes ces informations en en faisant des pages de bande dessinée. Cela peut passer par une adaptation du découpage et des dialogues, mais toujours sur proposition sous forme de storyboard, un genre de brouillon de la page à venir, aux deux scénaristes, et ceci scène par scène.

Il semble que la surmédiatisation, la mise en scène de certains évènements graves devant les caméras, soit d’actualité. Est-ce une manière pour vous de poser votre regard sur la société ?
A.D. : Le monstre est en fait un révélateur de nos problèmes sociaux. Plongés dans une situation de crises ceux-ci sont souvent amplifiés et deviennent plus visibles. Léviathan est un écho à nos questionnements actuels, et surtout sur la façon dont ils interagissent entre eux. Une façon de voir comment en pleine crise notre monde peut se ré-inventer... ou pas.

La couleur occupe une place centrale au sein de ce deuxième tome, permettant d’installer des atmosphères plus contrastées et plus sombres que dans le tome 1. Avez-vous puisé dans certaines de vos inspirations ?
F.B. : La mise en couleur commence lorsque tout l'album est dessiné, ceci afin d'apporter davantage de cohésion à des pages dessinées tout le long d'une période de plus d'un an (réaliser une soixantaine de pages de ce genre, c'est long). La colorisation est donc pensée en amont en accumulant des références au fur et à mesure. Pour Léviathan, une série contemporaine qui se veut réaliste, les inspirations viennent pas mal d'extraits de films, j'ai quelques directeurs de photographie de prédilection, mais tout en essayant de trouver un compromis entre ce réalisme, les impératifs prioritaires de la narration et le potentiel symbolique des couleurs.