Interview

Interview avec Hervé Bourhis

Après Le Petit Livre Beatles (2010) ou Retour à Liverpool (2021, avec Julien Solé), vous montrez avec Paulcombien, ensemble ou séparés, les Beatles restent pour vous une obsession...

Oui, une obsession depuis l’adolescence. Pour mes 14 ans, on m’a offert un livre sur les Beatles. Avant la musi- que, c’est en découvrant l’histoire incroyable du groupe que j’en suis tombé amoureux. Par la suite, je suis allé acheter Sgt Pepper’s Lonely Heart Club Band et d’autres disques pour écouter les chansons sur lesquelles je connaissais déjà les anecdotes. Depuis, régulièrement, l’obsession revient par cycles. Il faut dire que l’on est actuellement dans une période très Beatles. Ces dernières années, il y a eu la série Get Back de Peter Jackson, le documentaire Beatles 64 produit par Martin Scorsese, la tournée de McCartney, le livre sur ses paroles, sur ses photos, le nouvel album de Ringo Starr... Et moi, je suis véritablement une éponge.

Pourquoi raconter les premières années de McCartney après la séparation ?

Dans les années 1980, pour la presse et les fans, il y avait “saint John Lennon” alors que McCartney suscitait une haine absolue. On disait de John qu’il était féministe, mais Paul, c’était pareil sauf qu’on n’en parlait pas. J’ai toujours trouvé ça injuste. La vie que Paul avait choisie – être à la cam- pagne avec Linda, leurs enfants et leurs moutons – était considérée comme ringarde, hyper conservatrice. Au contraire, John était vu comme cool parce qu’il se droguait à New York ! Aujourd’hui, la vie de Paul paraît plutôt bien vue, notamment le fait qu’il soit devenu végétarien en 1975. Et si on réécoute les deux discographies, il n’y a pas photo, c’est McCartney le meilleur. Les chansons de John, sans l’émulation de McCartney, ne valaient plus grand-chose alors que chez Paul, il y a toujours eu cette niaque d’être numéro un. Maintenant que Paul est le seul survivant des Beatles avec Ringo, il y a eu une remise à niveau, l’injustice a pris fin.

Au-delà de votre fascination pour le personnage, y a-t-il dans Paulune dimension personnelle ?

Je suis un gars instinctif, je fais les choses et c’est bien après que je les analyse ou qu’on m’aide à les analyser. Depuis que j’ai fini Paul, je me rends compte que je l’ai initié après mon infarctus de juin 2022. Si cette histoire de résurrection, d’un mec qui recommence de zéro, m’a autant touché, si j’ai ressenti le besoin absolu de faire ce bouquin, ça doit être à cause de ça.

Votre livre est aussi sur Linda McCartney.

Je voulais la mettre en avant parce qu’elle a sauvé Paul. La dépression de celui-ci arrive alors que sort Abbey Road. Il s’en vend des millions et lui est en train de mourir dans son coin, carburant au whisky dès le lever. Comme ses comptes sont bloqués, ils vi- vent grâce à l’argent de Linda. Linda a aussi été extrêmement maltraitée par la presse rock. Elle se faisait critiquer parce qu’elle n’était pas assez sexy, ne s’épilait pas... Elle se prenait encore plus de critiques que Yoko qui avait l’aura d’artiste plasticienne. C’était important qu’elle parle aussi dans le livre.

Alors que vous étiez en train de finir le livre, vous avez vu Paul McCartney en concert en décembre dernier. Qu’avez-vous ressenti ?

C’était très curieux. J’avais l’impression d’avoir passé deux ans avec lui, à le dessiner et à l’analyser sous toutes les coutures. Alors que je ne l’avais pas vu sur scène depuis 2016, j’avais le sentiment de retrouver un pote. Quand je l’ai vu arriver sur scène, bizarrement, c’était comme si je l’avais quitté la veille. En revanche, quant à la fin il a dit “à la prochaine”, j’avoue, j’ai chialé.

À découvrir :